Jeu de go et jeu d’échecs – stratégie chinoise du soft-law

Il me semble qu’il existe un faisceau de preuves qui convergent pour illustrer la stratégie chinoise en termes de soft-law :

Loi du nombre et jeu de go sont deux atouts maîtres que la Chine utilise pour aboutir à une prise de contrôle en douceur, en parallèle de la guerre des monnaies par exemple…

Alors, que faire par rapport à cette offensive concertée et publiquement avouée (ce n’est plus le domaine des signaux faibles !) ?  Lutter avec d’autres armes, trouver les failles et s’en servir…  Quelques pistes (à mettre en oeuvre au niveau européen) : nouer des alliances commerciales avec d’autres pays, définir et suivre une stratégie / politique lisible dans la durée, utiliser le principe de réciprocité en s’alignant si besoin avec les USA sur ce sujet, mandater des ONGs dont le discours résonnera à l’oreille de ces chinois qui sont le fruit de la politique de l’enfant unique depuis si longtemps…

Gestion de la dissonance cognitive par les entreprises et les ONG.

Bonjour,

Ce premier billet est issu d’une réflexion engendrée par la lecture de l’article paru récemment dans ParisTechReview, intitulé : « La casuistique du consommateur… ou l’art de négliger ses propres principes« .  En résumé, le consommateur actuel peut à la fois admirer une personnalité en vue et la rejeter à cause de ses frasques.  En fait, le consommateur parvient à gérer, plus ou moins consciemment, cette position inconfortable entre ces deux sentiments contradictoires.  Sans doute, cet article est une illustration de la gestion de la dissonance cognitive.

Des personnes physiques aux personnes morales, il n’y a qu’un pas.

Aujourd’hui, les marques se comportent comme des humains (via leur Community Manager) : l’entreprise, qui est devenue vivante, tel un organisme qui peut être malade, grandit, meurt, se renouvelle, se marie, mange ou est mangé… acquiert aussi le droit de ne pas être éthique à 100% de son temps.  Autrement dit, le règlement éthique, qui est accessible directement depuis la page d’accueil du site Internet institutionnel et dûment imprimé dans le rapport annuel moral et financier, peut parfois ne pas être respecté sans que l’image / la réputation de l’entreprise ne soit ternie à tout jamais.  Certes, Internet a une mémoire d’éléphant, mais elle n’est pas convoquée souvent, faute de temps de cerveau disponible ; si bien que les anciens évènements fâcheux restent enterrés, avec ou sans l’aide de sociétés spécialisées en gestion de la réputation et de leurs « fossoyeurs du web ».

Conséquence : les attaques informationnelles concernant la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise sont bel et bien démodées et devenues plutôt inefficaces, dans le contexte occidental.  Critiquer (ou plus discret, faire critiquer) une entreprise en exposant sur la place publique ses défauts ou contradictions ne garantit plus un résultat probant et/ou durable.  Eventuellement, cela peut provoquer une baisse passagère du niveau de l’action en bourse, ce qui peut aider à conclure une OPA hostile bien orchestrée.  Mais ce n’est pas tous les jours que les grandes entreprises s’affrontent à coups d’OPA hostiles…

Par extension, après les entreprises, les ONG, qui s’affichent originellement comme des « chevaliers blancs », tout dévoués à défendre des causes nobles, peuvent se laissent entraîner du côté obscur des manoeuvres stratégiques.  Ainsi, Greenpeace a attaqué récemment Shell, en utilisant des méthodes qui dégradent son image.  L’ONG Greenpeace prend-elle le risque calculé de dégrader sa notoriété, en estimant qu’après tout elle aussi a le droit de ne pas être parfaite ?  Ainsi et paradoxalement, l’ONG paraîtrait plus humaine ?  Elle laisserait peut-être à d’autres ONG, moins connues et moins visibles, le soin de suivre la ligne idéologique pure.  Cependant, pour une ONG, c’est un pari extrêmement risqué que de reposer sur la « marque » qu’elle représente, car elle ne jouit que d’un capital sympathie pour assurer ses financements vitaux.  Et ce capital est surtout payé par les consommateurs.  Sauf s’il y a collusion avec des entreprises, mais ces associations discrètes sont mal acceptées par l’opinion publique.

En résumé : le consommateur s’autorise à composer avec une éthique à géométrie variable, peut-être parce qu’il considère inconsciemment les intégristes de tout poil comme autant de remparts, défendant une morale pure à laquelle il peut se raccrocher si besoin.  Il peut pardonner les marques, de temps en temps.  Mais absoudrait-il les écarts de conduite d’une ONG, qui est censée représenter la société civile ?  J’en doute.